mercredi, septembre 17, 2008

Laurent Contamin, à propos de la compagnie .


Ucka Ludovic Ilolo
et la compagnie Les gens de ...

La trajectoire d’Ucka Ludovic Ilolo traverse tous les champs artistiques : la danse, bien sûr, avec Trafic de Styles ou Choréam, mais aussi la musique, le dessin, l’écriture, le cinéma (Blanca Li) ou le théâtre (Vincent Colin, Philippe Adrien). Cette liberté de parcours explique sans doute autant la singularité de son travail que l’authenticité de son œuvre.

Après une enfance bercée de musiques Jazz et congolaises et une adolescence qui oscille entre le basket-ball et le hip hop, il rencontre la chorégraphie à 14 ans et participe au début de l’aventure Trafic de Styles avant d’en devenir assistant chorégraphe quelques années plus tard. Il opte pour le dessin, le gospel et la composition . C’est là qu’il rencontre Shäy Mané, son alter ego musical . Puis c’est l’effervescence du groupe Queenstep, de la house dance, il fréquente les clubs , participe à des shows, fait le plein d’énergie. Cela l’amène à travailler comme coach, avec Blanca Li, pour son film Le Défi. Pendant ce temps, il ne cesse pas d’écrire, de chanter, de dessiner. Charles Créange le sollicite comme assistant. Il est appelé sur les plateaux de théâtre par Vincent Colin (Les Mariés de la Tour Eiffel) et Philippe Adrien (L’Ivrogne dans la Brousse) : il aborde le théâtre comme il aborde la danse, en travaillant d’abord l’espace à l’intérieur de lui, l’endroit d’où ça va créer, la source. Retrouver l’impulsion première et créatrice et pas seulement ajuster la forme à partir de codes et de langages préexistants.


La Source

Ce qu’il a compris en tant qu’artiste interprète l’amène à vouloir créer un spectacle nourri de cette intuition-là : ce sera La Source. Quatre danseurs traversent l’espace et le temps de la représentation. Quatre individualités qui font corps pour naître, grandir, être et se perdre, tout à la fois. Quatre verbes qui revendiquent chorégraphiquement leur vérité. Si les chemins de chacun sont différents, la quête est la même : trouver la source, gagner en liberté, vivre davantage. C’est dans ce passage du particulier à l’universel, point nodal de toute création artistique, que se joue à la fois la trame du spectacle et le projet de sa compagnie, Les gens de ...

Ucka Ludovic Ilolo procède par touches pour nous donner à ressentir l’espace de liberté qui nous fonde. Comme les peintres impressionnistes dont il se sent proche, et fort de tous les métissages qui l’ont construit artistiquement et humainement, il réussit le pari de créer un nouveau langage : le sien.

Les gens de …

Qu’est-ce qui fait que la chorégraphie d’Ucka Ludovic Ilolo se démarque si nettement des autres chorégraphies de danse urbaine contemporaine ? Cela a sans doute à voir avec le fil extrêmement ténu qui sépare, dans son travail, la forme écrite et l’improvisation. Cela n’est possible que parce que les quatre interprètes ont appris à se connaître et se comprennent. En cela, La Source fait voler en éclat le dilemme performance / sens qui résume trop souvent le hip hop. Dans La Source, le sens n’empêche pas la performance, et vice versa ; c’est suffisamment rare pour être relevé. Conséquence : une qualité d’écoute entre les interprètes, une attention donnée au temps, une perception de l’instant que l’homme, avant le chorégraphe, revendique comme étant sa priorité : la densité de la présence, l’urgence du geste juste nous disent la plénitude du vivant. C’est sans doute pourquoi ces ruptures de rythme (à aucun moment le spectacle " ne s’installe "), cet état d’éveil permanent, ces mouvements à la fois fugaces et affirmés, à la fois denses et légers qui composent la partition de La source nous donnent cette sensation d’ouvrir des brèches dans le présent et de nous amener au plus près de la vie.


Laurent Contamin,
Auteur, metteur en scène et comédien

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